4 décembre 2009

Deuxième atelier sur le Symbolisme

Réflexions à la suite de la deuxième rencontre :

Comme je le disais plus haut, le dernier atelier sur le symbolisme a été plutôt prolifique dans le sens où nous utilisions le bâton de parole ce qui permettait à un raisonnement de se construire progressivement et de s'enrichir à chaque fois des réflexions de tout le groupe avant de revenir à soi. Cet atelier m'a vraiment ouvert beaucoup de piste de réflexion et je pense que je ne m'avancerais pas trop en disant qu'il a profité à toutes les personnes qui y ont participé. A la fin j'avais réellement l'impression d'avoir partagé quelque chose de très fort avec chacun des participants.
Ceci étant dit, c'est ici que j'aimerais ouvrir certaines réflexion puisqu'il m'est apparu clairement que l'atelier fini il manquait une concrétisation ou tout du moins quelque chose qui aurait permis à toute l'énergie accumulée de partir quelque part au lieu de se disperser dans la nature en laissant une vague impression de malaise ou de vide ambiant.
C'est là que je me permettrais de poser la question du but et non pas seulement du but d'un atelier mais du but de l'université en général et par cela du but de Lyon Zéro.

Il me semble que le but de l'Université actuelle n'est pas bien dur à deviner puisqu'elle semble plus que jamais destinée à former de futur travailleurs ou de futurs professeurs qui formeront à leur tour de futurs travailleurs etc...
Mais puisque Lyon Zéro semble vouloir sortir de ce cercle infernal et je pense que tout les participants sont conscients qu'ils ne participent pas à ce projet pour trouver du travail, il est à mon sens plus que nécessaire de se poser cette question : Dans quel but partageons-nous notre savoir et nos connaissances?
Et c'est ici qu'il me semble important d'introduire une dimension verticale à cette aventure. Je m'explique, Lyon Zéro se veut une université basée sur un partage horizontale des connaissances ce qui est certes merveilleux puisque cela évite toute forme de hiérarchie autoritaire mais cela peut aussi devenir un obstacle puisque cela comporte également le risque de s'enfermer sur soi-même et de produire une connaissance qui se nourrira d'elle-même et s'étendra sans jamais s'élever.

A ce stade un symbole me semble assez intéressant, c'est celui du sapin de Noël. En effet le sapin est un arbre qui horizontalement est circulaire mais qui comporte également cette dimension verticale. Sur ce sapin sont suspendues des boules (anciennement des pommes) qui représentent les fruits de la connaissance. Parcourant le sapin en spirale sont accrochées des guirlandes qui représentent les divers chemins de la connaissance et ces guirlandes vont de la base jusqu'au sommet de l'arbre. Et au sommet on trouve l'étoile, celle qui illumine et qui guide l'apprenti en quête de vérité.

Certes cette interprétation n'engage que moi et je ne chercherais même pas à la justifier, mais elle me semble une piste de réflexion intéressante concernant cet axe qui pourrait nous permettre de redonner du sens à l'apprentissage et à la connaissance. Ce qu'il manque principalement à notre société où les valeurs fondent et s'évaporent comme neige au soleil c'est un sens (y a-t-il un double sens?) au chemin de l'humanité. Et il me semble qu'il est possible de retrouver un sens par l'introduction de la dimension spirituelle ou tout du moins (puisque spiritualité est un mot qui effraie certain) d'une dimension initiatique.
L'introduction d'une dimension initiatique permettrait à mon sens de trouver cette verticalité dans chaque participant car selon cette vision chaque être devient un axe autour duquel il chemine pour essayer de se (re)trouver ou de se (re)connaître.

Je vous rassure j'ai pas trouvé ça tout seul, ce sont d'ailleurs des idées qui sont très vieilles mais qui ont aujourd'hui perdu pour la plupart leur sens originel (pour peu qu'il y en ait un).
Sur ces bonnes paroles je vous laisse réfléchir à tout ça, je voulais aussi vous parler du gui puisque c'est un symbole très présent pour les fêtes de fin d'année et également un symbole très fort (une plante qui mûrit et reste verte en hivers et qui touche jamais le sol). J'y voyais d'ailleurs beaucoup de point commun avec Lyon Zéro puisqu'il a besoin d'un arbre déjà existant pour se développer mais qu'il produit sa propre photosynthèse et puis c'est un symbole de lumière (la science qui éclaire...).

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Compte rendu de ce deuxième atelier :

L’atelier s’articulait autour du thème du symbolisme dans l’art et de la production et de l’interprétation des œuvres d’art.

La première question qui se dessine est : Que signifie la lecture pertinente et significative (sensée) d’une œuvre d’art ?

Est-ce que bien lire une œuvre d’art signifie se trouver au plus près de l’interprétation que l’artiste donne de son œuvre ?

Visiblement non puisque cette vision comporte un concept d’objectivité qui ne peut être que caduc face à l’étendue des interprétations possibles d’une même œuvre, plus encore dans le cas d’œuvres abstraites puisque la subjectivité du « lecteur » est alors centrale pour donner un sens à l’œuvre qu’il regarde.

Une des premières pistes dégagées pour répondre à la première question est que le « lecteur » découvre des clefs, des interprétations auxquelles les autres n’ont pas encore pensé.

S’ensuit une décortication et une tentative d’explication des différents regards possibles portés sur une œuvre, ainsi qu’une réflexion sur l’Art en général.
Tout d’abord parlons de l’Artiste. L’artiste est le père de l’œuvre, le créateur. Il fait naître une production comme on ferait naître un enfant, c’est à dire que cette production vient de lui, donc est une sorte de synthèse de son ressentit personnel, mais cette production comporte également une sorte d’indépendance. En effet lorsque l’artiste crée une œuvre, il tisse des fils porteurs, des caractères généraux qui vont petit à petit le guider dans la création de cette œuvre. L’artiste ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi au risque de rendre son œuvre inintelligible ou tout du moins d’en casser l’harmonie.

Je m’explique : un romancier qui écrit un roman avec différents personnages, ne peut pas décider soudainement que tel personnage va vieillir de 10 ans ou se comporter d’une manière totalement différente de ses habitudes ; cela créerais comme une tache dans le roman, quelque chose qui ne colle pas, qui rond l’harmonie. De même un compositeur ne peut pas décider de placer brusquement une note deux ton au dessus du thème général, cette note s’entendrait comme une erreur dans la partition et le rendu serait quelque chose de disharmonieux.

Tout ce que crée l’artiste s’insère dans une logique et celui qui essaierai de dépasser cette logique et de se croire plus malin qu’elle ne peut à mon sens (c’est un parti pris qui ne regarde que moi) pas être considérer comme un artiste.

L’œuvre crée a donc une certaine indépendance et c’est de cette indépendance que va se servir le lecteur pour trouver sa propre interprétation. Car pour qu’une œuvre d’art puisse être appelée ainsi, il lui faut nécessairement un lecteur. Et ce lecteur peut très bien être l’artiste lui même puisque ce qu’il a crée à un instant T ne lui appartient déjà plus et peut donc être relut d’une toute autre façon que lors de la production. Sans lecteur, une œuvre s’apparenterait à un enfant nu, à une structure qui se suffit à elle-même, une lumière blanche qui remplit tout l’espace qu’on lui a donné. Or c’est le regard qui l’habille, qui lui donne une vie, une couleur, bien que cette couleur soit différente pour chaque regard.

L’artiste crée un élan, un œuf en gestation qui n’attend que le regard d’un lecteur pour enfin éclore et être totalement réalisé.

A partir de cette idée, quelqu’un a remarqué que le fait d’influencer quelqu’un s’apparentait plus ou moins au même processus. En effet lors d’une conversation, il est possible de créer des élans au sein de son interlocuteur, de lui transmettre une idée (puisque c’est là la base d’une œuvre d’art) qui, si cet interlocuteur y porte son regard (son attention), pourra éclore et peut être se réaliser dans la vie de cet interlocuteur.

C’est ainsi que nous avons été amené malgré nous à aborder le thème de la communication ; et une fois de plus les première interrogations concernaient le thème de l’objectivité ou de la neutralité d’un langage.

Il existe en effet des langages qui peuvent être dit « neutre », ce sont les langages informatiques dit langages matriciels. La particularité de ces langages concerne le fait qu’ils comportent tous un but précis, c’est à dire la création de programmes informatiques. Ainsi donc ces langages peuvent être définis comme neutre mais seulement en faisant le sacrifice d’une forme de liberté et en fixant dès le départ une intention, une fonction, une utilité, à ce langage. Ainsi donc loin de donner un élan, ce sont des langages qui enferment et limite la communication à un type précis d’utilisation.

A l’inverse certaines utilisations du langage ont tendances à ouvrir des possibles, des champs inexplorés en jouant avec lui, voir même prenant des libertés par rapport à sa forme instituée. Ces utilisations sont pour la plupart des utilisations artistiques comme, la poésie, le slam et toutes celles qui n’utilisent pas simplement le langage comme un support mais qui, en s’écartant un peu du cadre qui le constitue, prennent des liberté sur sa forme. Un bon exemple est le langage des oiseaux qui utilise avant tout les sonorités des mots ex : Au cochon d’or (dort) pour le nom d’un hotel.

En prenant un peu de hauteur par rapport au langage, on se rend compte qu’il existe également, à l’instar des langages et de ses utilisations, des types de communication qui enferment et d’autres qui essaie de sortir de cet enfermement. Les premiers types ont tendance à créer ou plutôt à reproduire des schémas de communication connus, c’est à dire à adapter telle parole à telle situation ou telle réponse à telle question ; ces types de communications sont à mon sens fermées car ces communications se déroulent selon des schémas préconstruits et n’apportent donc aucun éléments novateurs. Les second types de communication essaient de dépasser le premier degré du langage pour essayer de cibler la véritable intention que le langage véhiculait et qui parfois s’avère être le strict contraire de ce qui avait été dit. Ces types de communications sont par exemple la “communication non-violente” crée par Claude Rosenberg qui donne à la disposition de ses participants deux types de langage que sont le langage chacal et le langage girafe pour signifier à son interlocuteur nos réactions par rapport à ce que l’on entend. Je ne m’attarde pas plus sur le sujet puisque je totalement novice concernant cette discipline et que je voudrait pas dire n’importe quoi mais si quelqu’un veut faire un topos il est le bienvenu.

Nous avons ensuite abordé le thème des arts éphémères et des arts “cristallisés”, l’idée étant que l’oeuvre d’art prend naissance à un moment précis et n’a de “véritable” sens qu’à ce moment précis ; en tout cas ne comporte la vérité du créateur qu’à ce moment précis. On touche alors au concept de Vérité et j’avoue que je n’irais pas plus loin sur ce point (pour ceux que ça intéresse, un atelier sur la vérité et la réalité a été proposé par Claude Dumas). Les questions qui se posaient concernaient la pertinence des oeuvres d’art figées puisqu’elles avaient tendance à perdre leur sens originel mais bon au vu de ce qu’on a détaillé au dessus je pense qu’on peut sérieusement s’interroger une fois de plus sur ce concept de “sens originel” et par la même occasion pour ceux qui le souhaite interrogez-vous sur celui de péché originel.

Bref passons, le thème suivant concernait le besoin artistique, d’où vient ce besoin artistique????

L’art est une sorte de porte ouverte sur un immense réservoir où l’homme peut puiser ce dont il a besoin. Mais le concept de besoin est lui même révélateur puisque besoin implique quelque chose de vital, ce besoin artistique ne serait-il donc pas simplement un besoin de communication? L’homme étant un être social, la communication est donc quelque chose qui m’apparaît comme plus ou moins vitale (voir plus que moins) et Pierre nous le dit très bien : “J’ai besoin de dire ce que j’éprouve et un langage qui cultive cette bestialité sera forcément quelque chose de bon!” L’art est un moyen de communication aux langages multiples qui nous permet de transmettre au monde un ressentit d’une manière beaucoup plus libre que bon nombre d’autres moyens existants. Mais au-delà de sa simple forme de moyen d’expression, l’art implique un retour du monde extérieur et nécessite donc un échange entre l’artiste et ses critiques. Il permet donc d’établir une réelle communication, bien que le langage employé par le critique soit souvent bien différent de celui utiliser par l’artiste. Et c’est la à mon sens que le bas blesse car le langage courant ne nous propose qu’un choix très limité d’outils pour répondre à une expression artistique et on se retrouve très souvent à court de mot pour exprimer ce que l’on ressent.

Dernier point beaucoup plus perché sur le sens de la vie de l’homme et donc de la Création dans l’optique qu’il y ait un Créateur bien entendu.

“Nous sommes une oeuvre dont la signification appartient au bien commun de l’humanité!” Cette phrase à elle seule pourrait suffire à créer un atelier tellement elle me semble chargée de sens. Elle nous pose de nombreuses questions: Sommes-nous alors dépossédés de nous-même? Est ce qu’on s’appartient? Elle implique en même temps qu’aucun homme ne peut prétendre détenir La vérité puisque cette Vérité appartient à tout le monde.

La réflexion s’oriente ensuite sur la distinction entre la parole et le message. La parole porte en elle un message, mais elle ne peut aucunement être confondue avec celui-ci, comme on ne peut confondre l’oeuvre et d’art et le sens de cette oeuvre. La parole (à voir au sens large) est un support comme la “portée” permet aux notes de ne pas s’éparpiller chaotiquement sur la feuille. On dit dans la Bible qu’au commencement était le Verbe et ce n’est pas pour rien car sans le Verbe il ne pourrait exister de création ou tout du moins de monde manifesté. Mais ce qui est intéressant au delà de ce Verbe c’est le sens du message qu’il porte et quel meilleur moyen de donner un sens à un message que par l’intention de lui donner ce sens. Il faut entendre ici le concept d’intention comme quelque chose de beaucoup plus vaste et global que le concept de volonté, l’intention est quelque chose qui émane de l’être en entier et non pas d’une partie consciente ou juste de l’ego.

Les symboles sont des outils, des moteurs, ils impulsent un mouvement mais c’est à l’être de se saisir de ce mouvement et de lui donner un sens (à tout les sens du termes ;))

Une petite réflexion enfin sur la distinction entre l’Art et l’Homme ou le Langage et l’Homme. L’art tout comme le langage est en effet distinct (et non pas séparer) de l’homme qui l’utilise et puisqu’une action dans un sens implique une réaction (c’est la physique qui nous l’apprend) on ne peut nier que si l’on utilise le langage, celui-ci nous utilise également. Il y a donc une inter-relation entre l’homme et le langage ou entre l’homme et l’art une inter-communication qui implique sans cesse que l’intention que l’homme place dans l’art ou le langage lui soit renvoyée par ce langage. D’où l’idée de Nathan Milstein de faire de la musique pour la musique, c’est à dire d’explorer les possibilités de la musique à travers une oeuvre qui se suffirait à elle-même, donc qui n’aurait dans l’idéal pas besoin de retour.
On remarque enfin que quelque soit le regard que l’on pose sur le monde ce regard est presque toujours intentionné donc porteur de sens, d’un sens que nous seul pouvons découvrir. Et puisqu’il est intentionné, il implique forcément une réaction de l’extérieur, de l’Autre, sans cesse il nous renvoie un reflet. Nous sommes donc pris dans un mouvement de marée crée par notre intention, un mouvement fluide comme l’eau qui chauffe et qui sans cesse monte pour se refroidir et pour mieux redescendre.

Dans ce cycle perpétuel il existe pourtant une position qui permet de regarder ce cycle et de le comprendre sans pour autant s’en extraire, c’est la position du sage. En effet la sagesse est par définition l’observation de la vie, donc l’observation de ce cycle dans lequel l’être humain et toute la “création” est entraîné. Mais alors qui est ce qui observe ?

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